Un long soupire échappe mes lèvres tandis que je déambule les pavés de mon bas-quartier. Il est assez tard, pas loin des minuits, et la température se fait vraiment froide, fait prouvé avec la vapeur qui suit mes soupirs. La tentative de mes petits bras pour me réchauffer n’aboutit pas puisque je ne porte pas tant que ça de vêtements sur moi présentement. Évidemment, lorsque je m'en vais pour travailler, il m'est rarement conseillé de venir en tenue de skieur puisqu'on attend plutôt de moi le contraire. Cependant il est vrai que j'aurais du penser à apporter au moins une veste ou un manteau pour me tenir chaud lors de mon voyage de retour. A la place, je grelotte et marche le plus vite possible pour atteindre mon piteux studio. D'ailleurs, il faudrait que je cherche à déménager prochainement car devoir changer de quartier tous les soirs est assez épuisant. Je porte un regard à ma montre et en déduis que vu l'heure, je ne risquerais rien à passer par des raccourcis. J'emprunte alors une ruelle qui est considéré peu fréquentable après les une heures du matin par les habitants en faisant quand même attention à ne pas trop m'y attarder. Un nouveau soupir quitte mes lèvres : même en cherchant à prendre des raccourcis je suis bien loin d'être arrivé chez moi. Il doit encore me rester une heure de marche. Épuisé par ma longue et rugueuse journée, je prends une pause à quelques mètres de ce qu'il semble être un bistrot. J'en profite pour dégainer de mon sac une cigarette et la porte à mes lèvres au moment où un petit nombre d'individus quitte le commerce. Ils en profitent tout comme moi pour fumer, et pendant quelques instants, je me demande si continuer ma route normalement passerait plus inaperçu que de les laisser partir en premier. J'hésite, mais décide malgré tout de sortir de mon ombre. Après tout j'ai autre chose à faire que marcher toute la nuit pour rentrer chez moi. J'essaye de me faire discret, - puisque ma tenue est assez indécente - mais le bras me stoppant dans ma course suffit à me faire comprendre que je n'ai pas du l'être. Lorsque je croise son regard, je réalise le connaitre... assez bien même, puisque c'est l'un de mes clients. Sèchement, je retire mon bras. « Je ne suis plus de service. » Clair et direct, je poursuis alors ma route. Du moins, je tente, puisque l'être indésiré semble être obstiné à me coller aux basques.

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Poussant la porte, je sors dans le froid et referme les pans de mon manteau autour de moi. Le temps se réchauffe en journée mais la nuit, c'est autre chose. Je jette un coup d'oeil à droite puis à gauche : on n'est jamais trop prudent dans ce quartier de la ville à une heure pareille. Je fouille dans mes poches et en sort une cigarette que je glisse entre mes lèvres avant de l'allumer. La fumée que je recrache est épaisse et bien distincte dans la nuit bien que la ruelle ne soit pas très bien éclairée. Je me décide finalement à bouger. Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas vu cette vieille connaissance et je m'étais quelque peu éternisé pour le coup. Je ne verrai pas Yue ce soir, c'est évident. Un bisou vite fait en passant par sa chambre discrètement devra faire l'affaire.

Je ne croise personne ce soir, et ça ne me dit rien qui vaille. Je suis tout à fait capable de me défendre mais il m'est déjà arrivé qu'on me tombe dessus à plusieurs et là, c'est tout de suite plus difficile à gérer. Avec un peu de chance, les cas sociaux sont en train de tabasser quelqu'un et tous réunis dans un coin loin de moi. Le pire, c'est que c'est bien probable : ce n'est pas un quartier de bonne réputation dans le coin. Un mince sourire étire mes lèvres. Il m'est déjà arrivé de contribuer à cette mauvaise réputation, c'est certain, mais personne n'en a jamais rien su, officiellement du moins.

Continuant ma route pour retrouver ma voiture garée plus loin, pas question qu'un crétin la voit et se décide à abîmer mon bébé, je tire sur ma cigarette jusqu'à la finir et jeter le mégot sur le bas côté.  Je tends l'oreille finalement et m'arrête. Il semble qu'un peu plus loin sur mon chemin, il se passe quelque chose. Je m'arrête et réfléchis, regardant par dessus mon épaule. Si je dois faire demi-tour, j'en ai pour vingt minutes en plus .. pas question. Soupirant en me demandant pourquoi je ne pouvais pas tout simplement rentrer chez moi tranquillement, je reprends ma route en me demandant sur quoi j'allais bien pouvoir tomber cette fois-ci, mon corps se tendant par réflexe, prudent.