es doigts pianotant sur la surface lisse du comptoir de la cuisine, Jesse fixe la cafetière des yeux en attendant qu'elle termine de préparer sa dose de café matinale. Aucune journée ne peut démarrer sans caféine, si bien qu'il est muet jusqu'à la première goutte. La machine termine son processus par le bruit familier qui lui fait lever la main pour en saisir la poignée et verser du liquide dans une tasse, y ajoutant ensuite sucre et lait. Savourant son premier café du jour, Jesse se dirige vers la seconde chambre qui lui sert plutôt de bureau pour vérifier son agenda codé de séries de mots que lui seul peut bien comprendre et le referme une fois chose faite. Il n'a pas spécialement besoin d'aller travailler aujourd'hui, ce qui lui procure une bonne défaite pour rester isolé dans son appartement.

Du moins, s'il tient à être seul avec lui-même, il doit d'abord chasser l'individu de trop entre ces murs. C'est pourtant dans ses habitudes de l'utiliser pour ensuite le foutre dehors comme une vielle chaussette, mais son invité avait eu de la chance pour une fois. Prenant une nouvelle gorgée de café, le jeune homme prend ensuite la direction de sa chambre sans se soucier du bruit qu'il peut faire puisque le but est justement de réveiller ce cher Mei. Cruellement, sa main libre vient saisir le coin des draps pour les retirer d'un coup sec, mais pas trop violent non plus puisqu'il tient son précieux café et ne voudrait pas le renverser. « Get up. T'es pas dans un hôtel. » Une infime part dans sa tête ne peut s'empêcher de grincer des dents à ses gestes, mais ça ne prend pas deux secondes pour faire taire cette désagréable prise de conscience.

Mei savait parfaitement la veille qu'il regretterait sa décision. Pourtant ça ne l'a pas empêché de passer la nuit chez son patron. Ce n'est jamais une bonne idée de rester, trop de risques. Commencer une journée en se prenant des insultes à la face ou se faire jeter dehors n'est pas forcément très agréable. D'autant plus que Jesse ne rend jamais les choses simples. Et cette fois-ci ne fait pas exception puisqu'il fut tiré de son sommeil par un froid agressant sa peau. Ce n'est pas comme s'il prévoit un pyjama en venant ici. Le chinois grimaça quelques instants, toujours un peu bercé dans les bras de morphée, puis sursauta légèrement et se redressa devant la carrure de son patron. Ne sachant trop comment réagir, il hocha rapidement la tête et se dépêcha d'assembler ses vêtements sur le sol pour cacher son cors dénudé. Le cadet se senti quelque part triste, de se faire jeter telle une pute dehors. Belle ironie. Il enfila rapidement ses vêtements, commençant par le haut. Même après toutes ces fois, la pudeur reste une fois le soleil levé. Mei fut néanmoins heureux de ne pas s'être endormi dans le lit de Jesse, car c'est une toute autre histoire quand cela arrive. « J'ai des clients aujourd'hui ? Ou je peux avoir ma journée ? » Le cadet garda le regard bas, au cas où l'ainé le prendrait comme une provocation ou un manque de respect. Il lui arrive d'être humain de temps en temps, Mei espérait juste ne pas s'être trompé de jour.

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n terme d'hôte, il y a nettement meilleur que Jesse et sa façon plutôt rude de tirer son invité du sommeil. Qui a dit que coucher avec le boss apportait des avantages ? Avec lui, il ne faut pas trop espérer ou s'attendre à une quelconque sorte de minouchage. Ses yeux suivent Mei tandis qu'il relâche le coin de drap entre ses doigts, prenant une nouvelle gorgée de café et se dirige vers la porte de la pièce. Son message est passé, toujours avec la même clarté sans avoir à dire un seul mot sur le sujet, mais son élan est freiné par la question de son cadet et Jesse se retourne en biais pour poser son regard sur lui. « Tu as ta journée, mais tu travailles ce soir. » Après, pour l'heure, il ne peut pas le préciser à cent pourcent de mémoire, mais ça permet à Mei d'avoir une idée de sa journée. Jesse quitte ensuite la pièce pour retourner à la cuisine, sortant une seconde tasse sans délaisser la sienne pour l'agiter en direction du plus jeune lorsqu'il pointe le bout de son nez hors de la chambre. « Un café ? » Peut-être qu'un sourire aurait aidé à sembler moins agressif, mais il ne faut pas s'attendre à un miracle. Il y a une part de bonne intention derrière cet air détaché, à la limite du froid.

Cela fait pourtant un moment que le cadet connait Jesse, et encore il ne cesse d'être surpris par la véritable nature de ce dernier. Lui qui l'avait imaginé et fantasmé pendant longtemps ne peut que réaliser oh combien il a eu tord à chaque nouveau jour. Même si son boss ose lui faire certaines choses, ose se montrer impardonnable et sévère avec lui, il ne peut se résoudre à le haïr. Si bien que c'est presque lui-même qu'il hait, pour être aussi tolèrent et obéissant face à un tel individu qui ne mériterait en rien son respect et sa compassion (mais là encore, Jesse serait du genre à dire qu'il n'en a rien à cirer). Le cadet hocha la tête légèrement et baissa à nouveau le regard en entendant la réponse de l'ainé. Ça allait donc être une journée des plus banales à passer à l'animalerie. Soupirant une dernière fois, il ramassa une nouvelle fois son sac et son manteau, près à partir mais fut surpris d'être retenu par l'homme qui habituellement se fichait guère de sa présence. « Oh.. mm merci ? » Il saisi la tasse maladroitement, ne sachant trop comment réagir à sa proposition. Mei resta debout, rigide, et observa discrètement l'ainé, ne pouvant s'empêcher de se dire que son comportement était étrange. 'Il prépare quelque chose' fut sa première pensé, mais bien évidemment un côté plus optimiste et naïf de lui même espérait que ce ne serait pas le cas. Never have a crush on your boss. Never.

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a méfiance est compréhensible, voire même totalement normale après tout ce que Jesse a pu lui faire vivre. Lui-même se questionne sur son geste, mais il préfère taire toute réflexion mentale qu'il se fait en relâchant la tasse toujours vide. Déposant la sienne sur l'îlot de cuisine, Jesse se retourne pour saisir la cafetière et verser du café à Mei dont la raideur ne passe pas inaperçu. L'aîné ne dit rien, fronçant quelque peu les sourcils en pinçant les lèvres alors qu'il remet l'objet dans sa main à sa place et retourne à son propre café. Il laisse le loisir au cadet de préparer le sien comme il le désir, ce qui représente un moment fortement spécial puisqu'il est bien rare que Jesse autorise la présence de Mei aussi longtemps dans son appartement. Ses yeux se posent à nouveau sur le plus jeune, le fixant en silence pendant plusieurs longues secondes avant de se décider à bouger et contourner l'îlot pour s'approche de son employé. De la main libre qui ne tient pas sa précieuse tasse de café, Jesse effleure le dos de Mei en pressant la paume contre le creux de sa colonne. « Par contre, tu ne travailles pas demain. » Où le plus vieux veut en venir semble soudainement évident : ses instants d'attention envers son cadet cachent toujours une intention. Si Mei se fait encore la moindre des illusions, c'est que le pauvre a passé trop de temps à lire des contes de fée.

Pendant tout le long de la préparation de son café, Mei ne peut se résoudre à quitter l'ainé des yeux, pensif. Il n'arrive pas à trouver un sens logique à son comportement, si bien qu'après quelques secondes de réflexion, ses yeux roulent de manière impertinente : Jesse lui même ne fait aucun sens. Il a beau tenter de l'analyser mais Mei n'y arrive pas. Une fois le verre posé sur le comptoir, le cadet arrange sa boisson à son gout en y ajoutant du sucre, du lait et en faisant bien attention à bien touiller le tout et à le laisser refroidir un peu avant de le gouter. C'est en prenant une petite gorgée qu'il se raidit en sentant la main de son patron appuyer contre le creux de sa colonne. La réalisation lui fit baisser les yeux, à la même image que ses espoirs. Évidemment que c'est ce qu'il attendait de lui et rien d'autre : Jesse n'a après tout jamais demandé autre chose. Mei reposa lentement la tasse sur la surface du comptoir, en faisant de son mieux pour rester calme et ne pas craquer. Ce n'était ni le lieu ni le moment, ni en la compagnie de la bonne personne. Il pris une profonde inspiration avant de se pencher pour attraper ses affaires. Les ayant empoigné, le cadet s'avança d'un pas étrangement déterminé et confiant vers la porte de sortie, et le tout, la tête haute. Il savait que son geste lui causerait probablement du tord ou rajouterait de l'huile sur le feu, néanmoins une partie de lui ne pouvait plus tolérer la manière dont Jesse jouait avec ses sentiments, s'amusait à le blesser. Il ne se laisserait pas faire comme ça, pas cette fois-ci, et Mei se le jura.

–––– you're in my world now, you belong to me. if it hurts to breathe, open the window. oh your mind wants to leave, but you can't go. this is a happy house, we're happy here. in a happy house ––––

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esse attend de Mei qu'il fasse son boulot : se soumettre à son abus de pouvoir, tout simplement. Il n'a jamais tenté de lui cacher ses intentions ou de lui faire miroiter une quelconque promesse qu'il ne tiendra pas de toute manière. À quoi bon faire croire de belles histoires à un gamin ? Cela ne ferait que le fatiguer inutilement. Sa main quitte le confort de son dos tandis que Mei agit sans réfléchir. Pense-t-il réellement pouvoir quitter cet appartement si vite ; si facilement ? « Où tu vas ? » Ce n'est pas une question, au fond. C'est une façon sèche de lui faire réaliser qu'il est en train de se mettre les pieds dans les plats. Déposant son café sur le comptoir, Jesse ne fait que quelques pas avant de rattraper son cadet par le derrière de son haut, l'empêchant d'aller plus loin. « T'as oublié qui mène ici. » Tirant sur le vêtement, l'aîné le force à faire un pas vers l'arrière sans quoi c'est la chute assurée sur ses adorables petites fesses. « Et je n'ai pas dit que tu pouvais partir. » Ses doigts relâchent le morceau de tissu. Si Mei tente une nouvelle esquive, il peut être sûr d'en payer le prix. « Tu prendras une douche avant de venir, cette nuit. » Parce qu'utiliser celle de Jesse n'est possible qu'en cas extrême, sans parler de toucher ses serviettes de bain.

Mei regrette. Regrette d'avoir mis le pied dans cet enfer, regrette d'avoir posé son regard sur Jesse, regrette de l'avoir croisé ce fameux jour. Mais plus important encore, Mei regrette d'être venu au monde. Les secondes qui défilent sont semblables à des années pour lui, et le cadet se demande si pousser Jesse à bord ne serait pas l'ultime solution à tous ses problèmes. Néanmoins, Mei se retrouve tiré de ses pensés par une pression le retenant d'aller plus loin. Tout naturellement, il cherche à forcer, mettre tout son poids pour contrebalancer ce qui le retient. Il ne lui faut cependant pas longtemps pour abandonner cette lutte physique qui ne lui laisse aucune chance de victoire. Le chinois se retourne alors violemment pour chasser le bras de l'indésiré et le pousser le plus loin possible. « Lâche-moi ! » Ses émotions trahissent ses expressions, laissant percevoir sa peine et sa colère. Colère qui pour une toute première fois, ne semble pouvoir rester dans l'ombre plus longtemps. « Ne me touche pas ! » Le cadet recule, haussant d'avantage la voix à chaque pas et essayant tant bien que mal d'être menaçant. « Je ne viendrai pas ce soir, je ne suis pas ton objet ! » Il peut sentir la panique grandir en lui face à Jesse. Ne jamais le mettre en colère. C'était l'une des règles qu'il s'était fixé, et pourtant, c'est parfaitement ce qu'il est en train de faire. « Apprends à respecter les autres et ce qu'ils ressentent, là peut être que tu pourras avoir ta pseudo satisfaction qui te réconfortera dans ton complexe de supériorité. » S'il avait pu, Mei lui aurait craché à la figure, mais pour le bien de sa propre existence il se contenta de serrer les poings et de se tenir le plus à l'écart de l'autre. « Tu sais tellement bien mener que tu brises des vies. Va revoir tes éthiques, tyran. » Sur ces mots, le cadet fit de nouveau demi tour pour s'échapper de la pièce le plus rapidement possible et ce, pour éviter toutes représailles dangereuses. Mais malgré son côté naïf, Mei ne sait que trop bien que ces chances là sont minimes.

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n instant de rébellion de la part de Mei. Un bref moment de courage que Jesse compte bien lui faire regretter. Son visage reste impassible malgré la soudaine agressivité du cadet à vouloir qu'il cesse de le toucher, ne bronchant pas d'un seul centimètre en se contentant de le fixer durement. « Tu essaies d'établir les règles, maintenant ? » Il avait encore une chance de descendre de ses grands chevaux sans conséquence, mais la jeunesse fait faire des folies et Mei continue sur sa lancée. « Je crois qu'il y a un détail qui t'échappe : tu es un objet. Les objets ont un prix, tout comme toi. » Jesse croise les bras, penchant la tête d'un côté en continuant de l'observer sans l'ombre d'une réelle émotion autre que l'indifférence malgré son timbre de voix qui s'est pris une tinte d'agressivité. On ne met pas en doute sa domination ou ses façons de procéder. Il n'a rien de pertinent à répondre et se suffit dans le silence puisque Jesse n'est pas du genre à gaspiller sa salive sur des stupidités. Après cet épisode de courage, le cadet tente à nouveau de s'enfuir avant d'en payer le prix et l'aîné décroise les bras. « Mei. » C'est froid, court et dit sur le ton digne du je ne le dirais pas deux fois. Il laisse même au plus jeune quelques secondes d'avance avant de bouger - de toute manière, il a amplement le temps de le rattraper avant que la porte ne soit ouverte. Une nouvelle fois, ses doigts saisissent le dos de son haut pour le forcer à se retourner et lui faire face. Contrairement à la fois précédente, l'optique d'une ombre de douceur n'y est plus. Avant que la moindre parole ne puisse être échangée, Jesse le gifle. Une bonne droite aurait été son choix numéro un s'il n'y avait pas le risque de laisser une ecchymose ou si Mei n'aurait pas travaillé le soir-même. Jesse avait donc été contraint de choisir une méthode tout aussi frappante, mais un brin moins viril.  « Je ne te demande pas ton opinion, ni de penser. Je suis ton patron et je t'ai donné un ordre. »

Étrangement, Mei s'était attendu à pire de la part de l'ainé. Mais là encore, l'intention n'est pas de jouer les héros, son but n'est pas de provoquer ou de combattre son patron, seulement de riposter. C'est un aspect de lui-même qui le rend confus d'autre part. Car oui, se rebeller ne fait clairement pas partie de sa nature soumise et obéissante, et autant dire qu'à ce moment précis, Jesse devait probablement préférer le Mei original. Le cadet pince ses lèvres en entendant les propos de l'ainé. Cela ne sert à rien de débattre sur ce sujet. Et le plus frustrant dans tout ça, c'est qu'il y a une part de vérité dans ce que Jesse a pu dire. Pour compenser l'absence de parole, Mei adopte cependant un regard noir vis à vis de l'autre, d'autant plus lorsque celui-ci l'empêche, encore, de partir, de mettre un terme à tout cela. Il tente tant bien que mal de se défaire de son emprise comme précédemment, mais il n'est en rien surpris lorsque le coup tombe. Même s'il s'y attendait, ça n'empêche pas le cadet de rester immobile, choqué. Il appréhende de lui faire face de nouveau, cependant sa main trouve naturellement sa joue et sa tête reprend sa position d'origine, son visage terne et tendu. « J'ai dit non. » Par pur réflexe - irréfléchi - Mei lui rend sa gifle, se choquant et regrettant même son acte à la seconde même où sa main rentre en contact avec la peau de l'autre. Celle-ci se retire presque aussitôt qu'elle n'est partie, rejoignant de manière gênée son buste. Il n'aurait pas du, car c'est comme s'il venait d'appuyer sur le détonateur d'une bombe. Mei sait qu'il est bien trop tard pour s'excuser, lui dire qu'il ne voulait pas. De la même manière que se soumettre à Jesse maintenant anéantirait tous ses efforts, toute sa rébellion. C'est donc avec angoisse - mais courage - qu'il prend une inspiration profonde et se redresse face à l'homme planté devant lui, près à subir les conséquences de ses actes. « Je ne t'obéirai pas. »

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epuis tout ce temps, Mei n'a décidément rien compris. N'a-t-il donc pas assimilé que luter ne lui servira jamais à rien ? Du moins, pas tant que Jesse conserva un intérêt quelconque envers sa personne et que lorsque cette étrange attention se dissipera, il aura du mauvais sang à se faire. Qu'il soit d'accord ou en désaccord, qu'il refuse ou accepte, ça n'a pas d'importance. Son avis n'a aucun poids face aux décisions prises. Néanmoins, Jesse ne s'attend pas à ce que Mei lui rend le geste et il sert les dents en expirant par le nez. Son cadet avait une dernière chance de faire marche arrière et il vient de la bousiller en répétant la gifle contre lui. L'aîné fait craquer sa mâchoire, sans un mot, sans un autre geste autre que le regarder avec hargne. Si Mei cherchait à avoir droit à une émotion : en voilà une. Tout contact physique envers sa personne l'horripile, que ce soit doux ou violent, et le plus jeune est bien conscient de se fait puisque Jesse ne l'a jamais caché. Toujours dans le silence, le plus vieux fait un mouvement en direction de la porte, passant aux côtés de Mei. Croire qu'il va simplement le laisser partir serait croire en un monde utopique et, à la dernière seconde, Jesse appuie sa main contre le ventre du plus jeune pour le presser contre le mur à proximité d'un geste sec. Se positionnant devant lui pour lui empêcher tout esquive, ses doigts remontent agripper ses cheveux et lui basculer la tête vers l'arrière de quelques degrés. « Quelle est la règle numéro un ? » Il lui accorde une brève seconde pour se souvenir avant de le lui remettre en mémoire verbalement. « On ne me touche pas. » C'est le point le plus important face auquel Jesse se sent obligé de remettre les pendules à l'heure. « Maintenant. » Retirant les doigts de sa tignasse avec méfiance, Jesse prend tout de même quelques secondes pour replacer les mèches vagabondes. « Tu es mignon pour une pute, mais ça ira très mal si tu continues de jouer les héros. Am I making myself clear ? » Le plus jeune sait très bien ce qu'il veut dire par son sous-entendu des plus évident.

Le rythme cardiaque du plus jeune bat d'avantage la chamade à chaque centimètre que Jesse gagne en sa direction. Il est si proche, il ne sait pas quoi faire si ce n'est qu'appréhender le prochain coup. La main qui le presse contre le mur le prend au dépourvu. Rapidement, Mei se rend compte de la forte pression que celle-ci émet contre son ventre pour le garder en place. Une grimace apparait sur son visage, grimace qui s'intensifie lorsque les doigts de Jesse s'entremêlent aux cheveux du cadet pour lui faire basculer la tête en arrière. Mei craint les cheveux, ses racines sont fragiles, et c'est quelque chose que l'ainé sait avec le temps, il n'y a donc rien de surprenant à ce qu'il en profite. Par réflexe, il essaye d'archer légèrement le dos pour suivre le mouvement de la pression mais avec la main de l'ainé appuyée sur son ventre, il n'y arrive pas. Un discret couinement s'échappe de ses lèvres, et toute forme de résistance disparait sur les lignes de son visage. Ses mains tentent de chercher du soutient, et la première chose qui est à faible portée, c'est le corps de l'ainé. Elles trouvent refuge sur son torse, empoignant pendant quelques secondes la chemise de Jesse avant de les retirer précipitamment, réalisant qu'il l'avait encore une fois touché. Les paroles qui lui sont susurrées sont telles des pics déchirant sa peau, et la réalisation du dégout de l'homme qu'il pensait aimer pour sa propre personne lui fait baisser les yeux. Ces derniers se mettent à briller, et il ne faut que quelques secondes au cadet pour réaliser qu'il est en train de pleurer. Mei fait tout en son pouvoir pour ne pas craquer devant son patron, néanmoins, les larmes sont déjà évidentes et certaines coulent le long de ses joues. Savoir qu'il ne représente rien aux yeux de Jesse, que ses sentiments ne seront jamais pris en considération, le brise. Le cadet renifle avant de hocher la tête à quelques reprises suite à sa mise en garde, intimidé par le regard que l'ainé lui inflige. « Je suis désolé... » Il sait malheureusement qu'il ne pourra rien y changer, et qu'il ne lui reste qu'une seule option pour éviter de souffrir d'avantage de cette réalisation : lui obéir.   

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l sent la chaleur des mains de Mei contre son torse, lui accordant quelques secondes pour les retirer de son propre-chef. Le tempérament du plus jeune s'adoucit pour revenir celui que Jesse apprécie un peu plus : soumis et docile. Il n'aime pas qu'on tente de lui tenir tête. Il veut qu'on lui obéisse au doigt et à l'oeil sans jamais remettre ses propos en doute. Ses excuses aident à également apaiser l'aîné, le faisant expirer longuement par le nez tandis qu'il remet un peu de distance entre eux sans pour autant trop s'éloigner. Jesse ne prend pas le risque que Mei tente une tierce fois de prendre la fuite, demeurant assez près pour le retenir à nouveau si la situation le requiert. Il pourrait le laisser partir, mais en même temps il ne peut pas. Son pouce vient glisser sous son oeil gauche pour en essuyer quelques larmes, aimant cette scène. Le voir pleurer lui donne un sentiment de supériorité, de contrôle encore plus grand, et les coins de ses lèvres s'étirent légèrement. Juste un peu. Juste assez pour laisser flotter l'ombre d'espoir d'un sourire sur son visage. « Tu vois que quand tu veux tu peux être agréable. » On pourrait presque croire qu'il s'agit d'un compliment, mais venant de Jesse c'est plutôt rare que ce soit la réalité. « Tu n'as même pas terminé ton café. » Un véritable affront pour une personne aussi fervent à la caféine que ne l'est Jesse. Sa main coupe le contact contre sa peau en se retirant pour aller saisir son poignet, enroulant les doigts autour des os du cadet avant de le tirer vers la cuisine tel un simple objet que l'on trimballe à sa guise.

De retour aux racines de la soumission et de la docilité, Mei n'ose rien faire si ce n'est que se faire balader à droite à gauche tel un misérable pantin. Même si l'idée au fond ne lui plait pas, il y est tellement habitué qu'il se morfond de nouveau dans ce vide qui vit à l'intérieur de lui même. Mei disparait pour laisser place à la pute qu'il est, né pour plaire et servir les autres. Telle a été l'éducation sadique et malsaine que lui a inculqué sévèrement son défunt père. Étrangement, le cadet prend les paroles de Jesse pour un compliment et hoche la tête en gardant les yeux rivés au sol. Qui aime sa véritable personne de toute manière. Il ne bronche pas lorsque l'ainé le tire de nouveau vers la cuisine où il y a abandonné plus tôt son café. L’atmosphère lui semble alors étrangement oppressante et angoissante lorsqu'il se retrouve en face du comptoir, presque forcé par le regard dur de l'ainé à reprendre possession de la tasse. Son corps se raidit pour une nouvelle fois tandis qu'il mène de sa main tremblante le liquide à ses lèvres. Il peut sentir les battements de son cœur à travers ses doigts et la peur monter petit à petit, tout cela du au mâle se tenant en face de lui. Ses mains se mettent inconsciemment à trembler, faisant sursauter le cadet lorsqu'une partie du liquide entre en contact avec ses propres vêtements - une chance qu'il n'était pas bouillant. Par réflexe, son regard croise celui de l'ainé et espère ne pas y croiser de la colère. Malgré l'appréhension et la sensation désagréable des vêtements collant à sa peau, Mei n'ose pas bouger d'un pouce. Après tout, Jesse ne le lui a pas ordonné.

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ette docilité que retrouve son cadet est savoureuse. Ainsi soumis, Mei lui semble presque être un objet agréable à obtenir, un petit trophée soigneusement gardée malgré son usure. Avec ce moment de rébellion, Jesse se sent obligé de remettre les choses au clair : il est celui en charge, celui qui contrôle la situation qu'importe l'heure ou les humeurs. C'est lui qui décide, Mei n'a qu'à obéir. Réfléchir ne fait pas partie de ce que l'aîné lui demande de faire et c'est sur cette lancée que le plus vieux lui signale que le café a à peine été entamé. Le tremblement du cadet ne lui échappe pas, l'amusant au mieux jusqu'à réussir à faire tiquer le coin de ses lèvres et adoucir d'un cran son regard. S'il tremble, c'est qu'il se sent menacé, ce qui est l'effet désiré. La peur est un moyen comme un autre d'engendrer le respect et la soumission. Peut-être un peu trop lorsque Mei se renverse du liquide sur sa personne, rendant ses vêtements collants contre sa peau. Jesse roule les yeux, sans pour autant vraiment réagir sur le coup. « Bouge pas. » L'aîné l'abandonne à son sort dans la cuisine, quittant la pièce pour se rendre à sa chambre et fouiller sa penderie pour y dénicher une paire de jogging - aucune chance que Mei entre dans ses jeans, même volontairement - et un t-shirt trop petit pour lui-même. Revenant à la cuisine avec ses trouvailles, Jesse les pose sur la surface lisse devant le plus jeune et les glisse en sa direction. « Change. Je vais m'en occuper. Ce sera propre quand tu reviendras.  » Une déclaration à double-tranchant : d'une part il donne l'impression de s'en soucier un minimum et, de l'autre, il trouve un gage pour le faire revenir.

Pendant l'absence temporaire de Jesse, Mei se tourne les pouces maladroitement. Il ne sait trop quoi faire si ce n'est rester perché sur ses jambes et attendre sagement le retour de l'ainé. Le chinois ne voudrait pas tenter quelque chose qui puisse transcrire une mauvaise intention. A la place, il s'admire de la tête aux pieds : Une grimace étire ses lèvres à la sensation inconfortable des vêtements collant à sa peau. Tout ce qu'il souhaite - étrangement - c'est le retour de Jesse en compagnie de quoi le couvrir. Et c'est un désir qui se voit assez rapidement exaucé puisqu'un t-shirt et un jogging lui sont glissés sous son nez. Sa main les saisit rapidement, et alors qu'il pensait juste s'en aller comme ça pour se changer, il met halte à sa course pour remercier l'ainé. Il s'incline et murmure un discret  « Merci... et encore pardon » avant de s'échapper dans la pièce d'à côté pour se débarrasser des vêtements trempés. Mei en profite pour attraper une serviette et se sécher pour éviter de tomber malade avant de se revêtir. Il ne s'attarde pas plus et quitte la salle de bain pour rejoindre la cuisine, le tas de linge occupant ses bras. Son regard suit tous les mouvements de l'homme, et Mei se demande s'il devrait vraiment poser cette question maintenant. « Quand... pourrais-je partir ? » Non pas qu'il cherche forcément à fuir l'ainé - ironie - mais un travail l'attend dans quelques heures. D'autant plus que cela fait longtemps que le cadet n'est pas repassé chez lui... ce qui l'inquiète puisqu'il ne connait personne pour prendre soin de son précieux bébé berlioz. Il ne manquerait plus qu'en rentrant il tombe sur son défunt corps.

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eut-être n'a-t-il pas de coeur ou même est-il un sadique sur les bords, mais laisser Mei tremper dans des vêtements badigeonnés de café n'a rien d'amusant. Du moins, une fois les premières secondes passées, le tout est vite banal et risque de finir par souiller quelque chose dans son appartement, alors autant s'en charger le plus vite possible. Jesse lui apporte de quoi se mettre au sec, lui ordonnant ainsi d'aller se changer avant de revenir. Patientant, Jesse termine son café même si celui-ci est froid, il y a des choses nettement pires dans la vie, et dépose la tasse vide dans l'évier. Il s'approche ensuite du rebord de la haute fenêtre de la cuisine contre lequel il s'appuie, croisant les bras en regardant dehors. Température tranquille, rien de bien intéressant et c'est le mouvement en périphérie de son champ de vision causé par Mei qui lui fait tourner la tête en sa direction. Ses yeux le balaie de la tête au pied rapidement, s'assurant qu'il a bien revêtit ce qu'il lui a prêté avant d'écouter sa question. Sur le coup, Jesse ne bouge pas et ne dit rien. Son regard se porte quelques secondes supplémentaires par-delà la vitre qui le sépare de l'extérieur avant de décroiser les bras en se redressant. Sa main vient effleurer la surface du comptoir sur son chemin vers le plus jeune, contournant le mobilier pour se poster à ses côtés. La seconde se presse contre le dos du cadet, remontant lentement jusqu'à atteindre sa nuque qu'on pourrait naïvement croire qu'il caresse. « Tu parles comme si tu étais un prisonnier. »